Histoire

Il est toujours difficile de se plonger dans les origines de Hambye. L’origine du mot Hambie, Hambeia, Hambye serait un héritage de « Ham » d’origine germanique ou scandinave exprimant le village, la maison, et « bie » a le sens d’une terre cultivée proche d’une rivière. C’est ce qui caractérise le mieux la géographie locale de la commune.

Hambye tient surtout sa renommée à la présence de l’abbaye de bénédictins réformés qui venus, sur la demande expresse de Guillaume Paisnel, seigneur du lieu, se fixèrent sur les terres données à l’extrémité de Hambye, Percy, Sourdeval et La Haye-Comtesse. L’abbaye se construisit à la confluence de deux cours d’eau : La Sienne et la Doquette. La fondation seigneuriale de cette abbaye bénédictine fut possible grâce à la volonté de nombreux seigneurs et de tous ceux qui désirèrent faire œuvre du salut de leur âme.

Hambye se caractérisait au Moyen-âge par la présence d’un puissant château-fort « le plus puissant chastel privé du Cotentin » qui se dressait sur la colline qui protège et domine le bourg. Des noms illustres y vécurent, à commencer par les Paisnel. Ceux-ci, originaires des Moutiers-Hubert vinrent nombreux dans le Cotentin et l’Avranchin et rayonnèrent sur le territoire normand. Ils mirent à profit des alliances patrimoniales comme les Estouteville, les Bourbon d’Orléans, les Matignon. Avec ses derniers, il y eut la filiation des Grimaldi-Monaco. Hambye est l’une des communes adhérentes aux sites historiques des Grimaldi-Matignon-Monaco. En effet les Grimaldi furent les derniers propriétaires du château, de sa seigneurie et de sa baronnie. Les sites historiques regroupent : Torigny-les-Villes, Saint-Lô, Granville, Cherbourg-en-Cotentin, Moyon, Percy-en-Normandie, Hambye.

L’histoire fera que les édiles hambyonnes ne prendront pas conscience de l’importance de cet héritage, même ruiné. Le château souffrira des mines d’explosif qui volatilisèrent les vestiges féodaux en 1825 et en 1830. L’église abbatiale, face aux mêmes propriétaires, n’aura pas de sort plus envié.

La commune est, territorialement dans le peloton de tête des communes les plus importantes du département de la Manche. Hambye est traversée par la Hambyotte, affluent de la Sienne, long de 6 km environ,  qui prend sa source sur la commune voisine du Guislain. La Sienne est un fleuve naissant dans la forêt domaniale de Saint-Sever-Calvados, long de plus de 90 km, qui se jette dans la mer de la Manche, après formé avec la Soulles, le havre de Regnéville-sur-Mer. Hambye est bordée en ses limites territoriales par la Doquette, qui prend sa source à Percy et par le ruisseau de la Chesnée Hodey en ses limites avec Saint-Denis-le-Gast. La Sienne est une artère vitale qui traverse le bocage. Elle est à l’origine d’implantations de châteaux forts, de monastères et d’usines hydrauliques. Son cheminement est tantôt creusé de profondes vallées encaissées ou de méandres nonchalants arrosant des terres agricoles dans un espace nettement plus ouvert. Ces vallées ont été propices sur le territoire communal à la conservation de chemins ruraux, pour les activités agricoles et de nos jours pour des activités sportives et de découvertes. Sa population : plus de 3500 habitants au XIXe siècle décru rapidement en raison de l’attrait que procuraient les villes. Elle s’est depuis quelques années, stabilisée. Hambye concentra sous l’Ancien régime des avantages administratifs qui périclitèrent  rapidement au profit du chef-lieu de canton. Ce qui valut à la commune cette forte réputation de conflit entre Hambye et Gavray. La survie d’une commune dépend de cette ténacité à préserver et à offrir des services locaux qui font la qualité de vie dans les secteurs de l’éducation, de l’offre médicale et des soins de confort, de l’activité artisanale, commerciale. Elle fut longtemps un bureau de poste avec un service postal de distribution du courrier dans les communes périphériques.

Son marché hebdomadaire, toujours maintenu,  et ses deux foires Saint-Jean annuelles sont fondés le 6 septembre 1386. Des concours-foires agricoles stimulaient les élevages de bovins, d’ovins, de chevaux. La population hambyonne était avant tout des exploitants agricoles. Mais la commune diversifiait ses activités notamment dans le milieu du XIXe siècle, par la fabrication de toiles peintes de Hambye (toile de lin ou de chanvre, produite localement, enrobée de  cire d’abeilles, et sur ce support un couvre tout peint en rouge ou noir sur lesquels étaient appliqués des décors peints à main levée (nombreux motifs végétaux). Les artisans du bois, menuisiers et ébénistes, étaient réputés.

Son habitat est géologiquement marqué par des schistes anciens (abbaye) et des grès rouges dénommés Poudingues pourprés, qui donnent à l’habitat rural et urbain ses tons si particuliers. La masse (argile) y a été couramment employée. Le bourg s’est tracé en tenant compte du château-fort qui le dominait. Il était le centre des activités commerciales, artisanales. Les voies anciennes de Torigny passaient par le chemin du calvaire, la ruette aux sorciers et elles croisaient les routes de l’abbaye, de Percy, de Coutances et de Saint-Lô. L’ouverture de la route de Caen-Granville (route de la mer) modifia cette attractivité. Une densification de l’habitat se fit le long de la départementale. Hambye se caractérise ainsi par trois zones urbaines : le bourg, le quartier de la Chaussée qui eut ses grandes heures avec la ligne de chemin de fer d’intérêt local et le quartier de l’église. Jacky Brionne